Cette étude avait pour but de faire le point sur les données et connaissances actuelles concernant la relation entre les habitudes alimentaires et nutritionnelles et la santé osseuse chez les femmes ménopausées.

L'ostéoporose est une affection multifactorielle, dont les déterminants clés sont la carence en œstrogènes, les mauvaises habitudes alimentaires, l'inflammation chronique, le tabagisme, la consommation excessive d'alcool et la sédentarité. Ainsi, agir sur l’alimentation et le mode de vie pourrait être essentielle pour prévenir cette pathologie (David, 2014). Chez la femme ménopausée, cette maladie est caractérisée par une augmentation de l'inflammation chronique qui contribue à l’insuffisance de la masse osseuse et à la dégradation du contenu minéral osseux, entraînant une perte osseuse et/ou des fractures (Brown, 2007; Brown, 2011).

Plusieurs nutriments clés, présents de manière combinée dans les aliments et modèles alimentaires, ont une incidence positive sur le contenu minéral osseux et la densité osseuse : le calcium et la vitamine D, mais aussi le zinc, le magnésium, le fer, le cuivre, et certains nutriments présents dans les fruits et légumes (potassium et vitamines C et K). Les nutriments n'étant pas absorbés isolément mais au sein d’aliments inclus à des modèles alimentaires, les auteurs de cet article ont passé en revue les connaissances actuelles concernant la relation entre les modèles alimentaires et nutritionnelles et la santé osseuse chez les femmes ménopausées (voir ci-dessous l'encadré "Méthodologie").
Modèles nutritionnels : des résultats hétérogènes : à ce jour, seules deux études ont examiné la relation entre les modèles nutritionnels (segmentation des populations étudiées selon les principaux nutriments apportés par leur alimentation) et la santé osseuse chez les femmes ménopausées exclusivement.
La première (Karamati, 2014 ) montre qu'un régime alimentaire riche en nutriments présents principalement dans les fruits et légumes (folate, fibres, vitamine B6, potassium, vitamine A, bêta-carotène, magnésium, cuivre et manganèse) est positivement associé à la densité osseuse du rachis lombaire. Cependant, ce travail n’observe aucune corrélation entre santé osseuse et un régime riche en protéines, calcium, phosphore, zinc, vitamines D, B2 et B12 et pauvre en vitamine E, des nutriments pourtant connus pour leurs bénéfices sur la santé osseuse. Cela s'explique principalement par le fait que l'influence des apports en protéines dépend généralement d'un régime complet équilibré en termes de potentiel acidifiant.
La deuxième étude (Ilesanmi-Oyelere, 2019) observe une corrélation positive entre un modèle alimentaire caractérisé par des apports élevés en phosphore, calcium, potassium, magnésium, vitamines B2 et B6, glucides et sucres et la densité minérale osseuse du rachis lombaire, du col du fémur et de l'ensemble du squelette. Ces nutriments sont particulièrement présents dans les œufs, les viandes maigres, le lait et les produits laitiers, et certains fruits et légumes. Dans le même temps, un modèle alimentaire riche en alpha et bêta-carotène, en vitamine E et en graisses alimentaires a été corrélé négativement à la densité osseuse.
Un effet protecteur des régimes alimentaires riches en fruits et légumes et « anti-inflammatoires » : considérant l'interaction entre divers nutriments et aliments, d’autres études ont fait porter leur analyse au niveau des régimes alimentaires en eux-mêmes. Plusieurs études ont analysé la relation entre les régimes occidentaux traditionnels - caractérisés par des aliments transformés riches en sel, en graisses et en sucres - et la santé osseuse. Elles mettent en évidence une corrélation positive avec l'ostéoporose (Fairweather, 2011; Sugiura, 2011; Karamati, 2012; Chen, 2015; de França, 2016). En outre, le score DII (Dietary Inflammatory Index) qui mesure le potentiel pro/anti-inflammatoire de l'alimentation, est inversement associé à la densité osseuse, indiquant ainsi une relation entre l'inflammation et la dégénérescence osseuse (Hamidi, 2011; Haring, 2016).

A l’inverse, les régimes alimentaires « sains » et/ou « prudents » caractérisés par une forte consommation de fruits, légumes, lait, produits laitiers à faible teneur en matières grasses et aliments riches en nutriments, sont associés à une densité osseuse élevée. En général, le score du régime méditerranéen, représentant l’adhésion à ce type de régime, est directement associé à la densité minérale osseuse et inversement associé au risque de fracture (Feart, 2013; Rivas, 2013).

Considérant ces résultats, les auteurs recommandent la mise en œuvre de politiques destinées à faire augmenter la consommation de légumes, de fruits, de céréales complètes et de lait faible écrémé/demi-écrémé dès l'enfance et tout au long de la vie.

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