Le docteur Catherine Kousmine donna une formidable impulsion dans le monde médical en mettant en lumière le rôle primordial de l’alimentation dans le traitement des maladies graves, rôle qui est aujourd’hui largement reconnu. Pour le Dr Kousmine, la majorité des troubles chroniques actuels se révélait être favorisée par une alimentation anarchique. Le retour à une alimentation saine était la réponse logique car il ne pouvait y avoir de résultats réels et durables dans le traitement des maladies modernes sans la stimulation des propres capacités de guérison de l’organisme. Elle consacra sa vie à démontrer qu’il existe une dépendance étroite entre notre état de santé et notre alimentation. « Dis-moi ce que tu manges, je te dirais de quoi tu souffres ».
Qui était le docteur Catherine Kousmine ? le Docteur Catherine Kousmine est née en 1904 à Hvalynsk (Russie), petite ville au bord de la Volga et décédée à Lausanne en 1992 à l’âge de 88 ans. Son père, petit industriel, ne supporte plus la rigueur des hivers russes et dès 1908, ils viennent tous les hivers en Suisse à Lausanne où ils ont loué un appartement. Sage précaution qui leur permettra de quitter la Russie en 1916, lorsque les biens de la famille sont confisqués. Pour Catherine Kousmine, une nouvelle vie commence, nouvelle langue, nouveau système scolaire ! Loin d’être un handicap pour elle, ce changement révèle l’intelligence peu commune de la petite fille qu’elle est . Après le Baccalauréat scientifique, c’est le choix d’un métier. L’esprit mathématique va l’amener à une discipline originale pour une jeune fille de l’époque : la Médecine ! Afin de pouvoir suivre ces études longues et coûteuses, Catherine va devoir donner des cours particuliers, d’allemand notamment. En 1928, Catherine Kousmine obtient son Doctorat en Médecine, avec la distinction « Lauréate de la Faculté de Lausanne ». Elle choisit comme spécialité la Pédiatrie. Sa formation pédiatrique se déroulera à Zurich dans la meilleure clinique de pédiatrie auprès du Pr Fanconi, une célébrité de l’époque.
Pourquoi cette spécialité ? Elle répondra « Parce que j’étais et suis toujours farouchement opposé au découpage de l’être humain en tranches. L’organisme est un tout. C’est pourquoi j’ai toujours voulu rester généraliste. La pédiatrie me permettait de m’occuper à fond de mes petits malades et de mettre en application ce que j’avais appris à Zürich. ».
Une vie consacrée à la recherche : dans les années 40, elle se rend compte que le taux de cancer augmente et décide de chercher les causes de ce phénomène. Elle se penche sur de nombreux écrits traitant du sujet mais ne trouve rien de très clair. Elle décide donc de faire des propres recherches.
Elle installe alors un laboratoire dans son appartement. Pendant 17 ans elle élèvera et étudiera différents régimes alimentaires sur des souris sur lesquelles sont greffées des tumeurs. Puis elle ira à Paris à l’Institut Curie chercher une femelle de race pure, qui développait un cancer mammaire dans la proportion de 90 % dès l’âge de 4 mois. À Curie, les souris sont nourries à partir d’aliments en comprimés. Le Docteur Kousmine quant à elle préfère les nourrir de pain, lait, fruits et légumes, ce qui par ailleurs lui revient moins cher. Elle adapte un régime de la façon suivante : un jour sur deux les souris sont nourries aux comprimés et un jour sur deux avec des aliments naturels. Le taux de cancer chute de façon drastique à 50 %. Elle en déduit qu’il y a peut-être une relation entre l’alimentation et la maladie. Encore faut-il le démontrer : pendant des années elle va travailler sur toutes les substances qui sont susceptibles de composer nos repas. Sans le savoir elle invente ce que l’on appelle aujourd’hui « la médecine ortho-moléculaire », médecine qui collabore avec les molécules propres au corps et en particulier les vitamines. En 1949 des amis au courant de ses travaux, lui envoient un malade cancéreux, atteint d’un rénulo-sarcome généralisé avec une espérance de vie de deux ans. À 89 ans cet homme était toujours en vie. Pendant 4 ans il a suivi une stricte discipline alimentaire. Cependant ce malade va parfois être capricieux et périodiquement abandonner toute surveillance alimentaire. A chaque fois on verra la maladie récidiver et s’aggraver. Il n’en faut pas plus à Catherine Kousmine pour comprendre et avoir les preuves sur ce qu’elle met en avant. Avec ce résultat, Catherine Kousmine va chercher à comprendre pourquoi le corps fabrique le cancer.
Tous les tissus de l’organisme sont constitués de couches multiples, sauf l’intestin. Elle fait des cultures de tissu cancéreux, et n’y trouve que des germes habituels de l’intestin. Elle en déduit donc que l’intoxication du foie découle d’une fragilité de la muqueuse intestinale mais pourquoi ?
Catherine Kousmine remarque, que toutes les denrées alimentaires ont augmenté pendant la dernière guerre sauf une : l’huile ! Pourquoi ? Elle décide donc de savoir pourquoi et trouve la réponse. Il s’avère que le procédé de pressage et d’extraction d’huile a été modifié. Pour augmenter le rendement à partir de la même quantité de graines, les industriels ont été autorisés à effectuer des pressages après chauffage. C’est le déclic, et elle mesure très rapidement l’ampleur des dégâts sur le corps humain voire au niveau de l’intestin. En effet, l’étanchéité des membranes cellulaires est altérée par des carences en acides gras essentiels, et c’est au niveau de l’intestin que les conséquences se font sentir. En effet, lorsque l’intestin laisse pénétrer dans le sang des agents infectieux, ils arrivent au foie qui doit les détruire. Forte de cette information elle en déduit qu’il faut augmenter la résistance des membranes des cellules et en priorité celles de l’intestin. Elle fait des recherches pour trouver un producteur d’huile qui a gardé les anciennes méthodes de pressage et s’insurge contre les graisses végétales comme la margarine, qu’elle considère comme artificielles et dangereuses pour la santé.
Le Müesli Budwig : c’est à cette période qu’elle décide de reprendre le petit-déjeuner des Suisses : le « Müesli » et l’adapte en fonction de ses recherches. Elle lui donne le nom de « Budwig » en hommage à Joanna Budwig, pharmacienne, qui a énormément travaillé sur les huiles et les margarines. Mélange composé de fruits et céréales fraîchement moulues, d’oléagineux et de produits laitiers, elle a la particularité de n’être composée que d’aliments crus. Elle introduit cette crème dite aussi Délice du Matin ou crème de Cent Ans dans les menus des patients, dans le cadre d’une réorientation nutritionnelle et thérapeutique.
Ce nouveau petit-déjeuner va faire le tour du monde et contribuer à la renommée du Docteur Catherine Kousmine.
Au vu des résultats elle va mettre en application dans d’autres pathologies et qu’elle a trouvées pour le cancer, elle obtient des améliorations pour ses malades. Cependant elle mènera son combat seule. Attaquée par les oncologues, critiquée par les neurologues, reniée par la plupart des généralistes proches et la presse médicale, c’est grâce à ses patients qu’elle trouva la force de poursuivre son combat. Il faut sensibiliser le public, en 1980, elle publie un livre « Soyez bien dans votre assiette jusqu’à 80 ans » qui connaît un immense succès, puis viendront « La sclérose en plaques est guérissable« , puis avec l’arrivée du SIDA, convaincue qu’elle peut apporter une aide aux malades dans l’attente de traitements appropriés, elle publie « Sauvez votre corps » qui est un succès.
De nombreux hommages lui seront donnés, en 1985 elle reçoit de la Société d’Encouragement du Progrès (siège à Paris) la Médaille Vermeille pour ses recherches sur la sclérose en Plaques, et en Suisse qui jusque-là ne l’avait jamais soutenue elle obtiendra la reconnaissance des autorités de la Ville de Lutry où elle réside en la nommant « Bourgeoise d’honneur ».